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Le chateau de Montségur

Voir l’album photos. et la légende de la dame blanche de montségur. 

 

 

Le château de Montségur
"Il ne resta plus rien hormis un tas de cendres

de cet immense amour dont le vent s'empara"
Le château de Montségur est édifié à 1207m d'altitude, sur un éperon rocheux appelé le "Pog". La position privilégiée de cette montagne attira diverses civilisations de la préhistoire au XVIIe siècle. Il fut un des plus hauts lieux du Catharisme languedocien au XIIe siècle pris par les Français lors de la croisade contre les Albigeois, 205 Cathares périrent dans les flammes d'un bûcher.

 

Il faut aller à Montségur, en Ariège, pour comprendre l'histoire cathare. Gravir en peinant le rude sentier qui mène à la forteresse de pierres grises, 300 mètres au-dessus de la vallée. Arriver au sommet rocheux qui culmine à plus de 1 200 mètres. Se laisser saisir par le paysage qui repousse à une centaine de kilomètres l'horizon vers les sommets pyrénéens, vers Carcassonne et la plaine de Toulouse.

Au pied du donjon, il faut ensuite prendre le temps d'écouter Frédéric Chambon ou Jean-Luc Massera, les guides du village d'en bas, dans le silence recueilli d'une centaine de visiteurs saisis d'effroi. Plonger ainsi dans la réalité du drame qui s'est joué entre mai 1243 et mars 1244 : après dix mois de siège des armées catholiques, deux cents croyants cathares étaient brûlés sans autre forme de procès.

Monter à Montségur c'est aussi admettre que le « nid d'hérétiques » dénoncé par la papauté ne peut pas être réduit à un quelconque symbole. Que ce soit celui de la révolte contre le pouvoir central, que s'attribuent bien volontiers encore aujourd'hui les militants occitans ou celui d'une supposée « résistance aryenne », que revendique l'extrême droite « européenne » dans de pitoyables défilés au pied de la montagne.

Car, avec les explications de ceux qui savent décortiquer les faits sans arrière-pensées, des rochers et quelques pierres suffisent à redonner un sens et une actualité à ce chapitre essentiel de l'histoire du monde. Voir Montségur, « Mont sûr » en occitan, avec ses défenses naturelles, c'est comprendre le choix des tenants de la religion interdite pour ce refuge.

Découvrir les pentes abruptes de la montagne, c'est revivre les mois de combats des assiégés face aux soldats d'un comte de Toulouse obligé d'obéir aux ordres de Blanche de Castille. Devant la plate-forme du Roc de la tour, on imagine les gueux résistant aux croisés qui avancent mètre par mètre. Les tas de pierres taillées comme des boulets que l'on retrouve dans la forêt le long de la crête témoignent de l'âpreté des combats.

Les rares ruines du castrum médiéval montrent de leur côté qu'il ne s'agissait pas là d'un château fort, construit bien plus tard, mais d'un simple village fortifié. Jusqu'à cinq cents « parfaits », ces hommes et ces femmes qui avaient fait vœu de pauvreté, y vivaient à égalité dans la communauté harmonieuse d'une religion débarrassée de ses excès. Ils étaient sous la protection du seigneur de Péreille, qui, comme tant d'autres chevaliers ruinés, refusait l'annexion des terres languedociennes par la couronne de France.

Toute la noblesse de la démarche des "purs" est résumée dans ce site grandiose. Le modeste musé du village de Montségur rassemble aussi quelques objets retrouvés au cours de dizaines d'années de recherches archéologiques: armes, ustensiles domestique, pièces de vêtements. L'image des squelettes d'un homme et d'une femme retrouvés dans l'aven poursuivent longtemps les pensées de ceux qui ont accepté d'abandonner là les idées reçues.

LE CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE

Au cœur des Pyrénées Ariégeoises, le piton calcaire de Montségur se détache du massif du Table que forment les pics du St-Barthélémy (2348m), du Soularac (2368m) et les monts de la Frau.

 

Cette montagne, communément appelée «Pog», dresse son relief insolite dans la vallée glacière qui descend du Table. Sa position clef n'est accessible que par deux routes: l'une venant de Foix ou de Mirepoix jusqu'à Lavelanet qui par Villeneuve d'Olmes, et Montferrier arrive au pied de la montagne, l'autre venant de Quillan jusqu'à Belesta en passant par Puivert, conduit par Fougax et Barrineuf au village de Montségur.
Des falaises de 80 à 150 m de haut lui procurent de redoutables défenses naturelles sur presque tout son périmètre; cependant, quatre voies permettent d'y accéder: les voies du Roc de la Tour, du Pas del Roc, du Pas du Trébuchet, et enfin la plus facile et la plus fréquentée, celle du versant sud-ouest. Le château est bâti sur le point culminant à 1207 m d'altitude. Pour s'imprégner du site, nous engageons le visiteur à faire un tour des horizons   montséguriens d'où l'on observe l'éminence calcaire. De partout imposant, sobre, mystérieux et beau à la fois, Montségur dresse fièrement son souvenir au-dessus du pays qui l'à vu vivre. De l'excellent point d'observation qu'est le château, nous découvrons au nord:

le Chaînon de Morenci, Villeneuve-d'Olmes et Lavelanet (12 km), plus loin, le Plantaurel; à l'ouest, en direction de Foix (36 km): le château de Roquefixade (19 km); au sud: les monts d'Olmes, les pics du Saint-Barthélémy et du Soularac; au sud-est: les monts de la Frau. Au pied de la montagne, l'actuel village de Montségur à l'entrée des gorges du Carroulet où coule le Lasset; a l'est: le Roc de la Mousse et le massif de la Bartefeuille.
Dans le prolongement de la route de Montségur à Bélesta (13 km): le château de Puivert (24 km).

LE CONTEXTE HISTORIQUE

On entretient fréquemment une erreur présentant Montségur comme un lieu exclusivement cathare et n'ayant que quarante ans d'histoire. Or, il faut  se rappeler que l'Ariège a un très riche passé et que Montségur et sa région y ont contribué.

Sans entrer, ici, dans les détails de son histoire, il est nécessaire de situer le cour épisode cathare dans l'ensemble des occupations du site, que d'ailleurs divers témoins archéologiques ont permis de confirmer.

LES RECHERCHES

C'est pour sa valeur esthétique et symbolique que fut éveillé le souvenir de Montségur vers la fin du XIXe siècle. Une abondante littérature s'est alors abattue sur lui, provoquant les premières fouilles clandestines.
Les initiatives personnelles se multiplièrent. Les unes pour atteindre un trésor matériel, les autres un trésor spirituel. Les moyens les plus expéditifs furent mis en œuvre: explosifs, pelles, pioches, barres à mine ou pendules. Une campagne de restauration du château débuta en 1947 et freina ces dégradations alors qu'elle motiva une prospection spéléologique de la montagne. Menée par la Société Spéléologique de l'Ariège, elle aboutit en 1964, à la découverte d'une sépulture dans l'aven du Trébuchet. L'équipe s'orienta alors vers une enquête archéologique.

La volonté de donner à la recherche une structure solide et des moyens accrus aboutit en 1968 à la création du Groupe de Recherche Archéologiques de Montségur et Environs (G.R.A.M.E.) qui résolut de poursuivre le dégagement des terrasses d'habitations du versant nord-ouest.
Ces travaux (1964-1986) ont permis de dégager une partie du village qui ceinturait le donjon pendant la première moitié du XIIIe siècle. Trois habitations, leurs dépendances, leurs réseaux de communication ont été mis au jour sur 550 m² étagés en cinq niveaux, donnant ainsi un nouveau visage aux abords du château. Et, plus de trois mille pièces de civilisation matérielle ont conduit à considérer quelques aspects de la vie quotidienne à Montségur en relation avec les sources manuscrites et ont permis la création du Musée municipal de Montségur.
Un deuxième programme de recherches est en cours depuis 1975. Il porte sur les deux principaux ouvrages de défense: le château pour lequel l'analyse architecturale accompagne une fouille exhaustive et le poste de guet du «Roc de la Tour» dont les travaux confirment l'investissement de la montagne, lors du siège de 1244, par la prise de ce poste avancé.
C'est grâce à l'effort conjugué des historiens et des archéologues que s'éclaire, peu à peu, d'un jour nouveau, l'histoire de Montségur.

LES PREMIÈRES OCCUPATIONS

Un site aussi singulier ne pouvait laisser indifférentes les diverse civilisations qui l'ont découvert. Ces qualités stratégiques, le caractère insolite de son relief et les ressources minières de la région ont été les facteurs d'implantation à différentes époques.
Cependant, il est difficile de définir les occupations successives du sol: toutes s'étant succédé sur l'unique plate-forme sommitale.
Les premiers éléments de datations sont donnés par quelques vestiges de l'industrie lithique préhistorique.
Un ensemble homogène de broyeurs, pendeloque, pointes de flèches et lames en silex, allènes et céramiques atteste une implantation à l'époque chasséenne ou Chalcolithique (environs entre 2400 et 1800 av. J.C).
Les abris ou sépultures voisines apportent aussi le témoignage d'une occupation à proximité de l'Age de Bronze à l'âge de Fer (de 1800 à 750 av. J.C). Les peuplades protohistoriques de l'oppidum du Mayne très voisin, ont vraisemblablement occupé le piton rocheux, tout comme les romains. Toutefois, les documents sont trop diffus pour pouvoir affirmer que l'implantation fut importante et permanente.
Puis, aucun jalon jusqu'au XIIIe siècle, aucune pièce du haut Moyen-âge ne viennent éclairer cette longue période qui, au début du XIIIe siècle laisse la ruine d'un édifice: «Montségur I».

MONTSÉGUR AU MOYEN-AGE

Les premiers documents relatifs à la mise en défense de la montagne nous apprennent qu'une communauté y était établie avant 1204.
La partie sommitale de la montagne devait, alors être aménagée pour constituer des abris rudimentaires, avant de devenir permanentes; C'est à cette époque que le clergé   cathare demanda à Raymond de Péreille de relever de ses ruines un édifice subsistant et mettre en défense «Montségur II».
A parti de 1232, les cathares demandèrent de vivre dans le château. Tout porte à croire que les derniers renforcements des défenses furent effectués à cette  époque. Montségur devint alors, le siège de leur église.
en 1241, Raymond VII, comte de Toulouse, promit au roi de détruire le château, il y mit le siège sans conviction et sans résultats.

Deux ans après, le concile de Béziers décide l'anéantissement de Montségur. Le siège débute au printemps. Et sous la conduite d'Hugues de Arcis, sénéchal de Carcassonne et de Pierre Amiel archevêque de Narbonne, une importante armée prend position au pied de la montagne sans toutefois interrompre les contacts des assiégés avec l'extérieur. En novembre, Durand, évêque d'Albi, amène des renforts aux assiégeants.
A la fin de l'année un groupe de croisés s'empare du poste de guet du Roc de la Tour et couvre l'armée qui s'implante sur la montagne. Elle gagne une pierrière qui, de la Barcane, menace les toitures du château.
Le 1er mars 1244, une tentative de sortie des assiégés échoue. Le lendemain c'est la reddition. Une trêve de 15 jours leur est accordée à l'issue de la quelle les militaires ne seront pas inquiétés et les cathares choisiront de renoncer à leur foi ou de périr dans les flammes d'un bûcher.
Le 16 mars: 205 cathares résolus sont brûlés vifs; Guy II de Lévis prend possession de la place et y installe une garnison. Il rend hommage au roi en juillet 1245.
Alors qu'un chantier est vraisemblablement ouvert pour reconstruire le château «Montségur III», comme le laisse supposer l'architecture que nous avons aujourd'hui sous les yeux que l'on peut dater de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle, tandis que le village va peu à peu  revenir s'installer au pied de la montagne.
Vers 1332, une église fut érigée au pied de la montagne afin d'éviter une ascension pénible aux habitants du village.
Au XIVe siècle, Montségur servait encore de sentinelle et surveillait les éventuelles infiltrations espagnoles qui pouvaient menacer, par revers, les forteresses du Kercob et des Corbières.
Le château était encore pourvu d'une garnison au milieu du XVe siècle.

LA DÉSERTION DE MONTSÉGUR

Vers 1496, le château était qualifié de «défensable», alors que le village devait être détruit durant les guerres de religion. Il fut reconstruit ainsi que son église vers la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, à l'emplacement où nous le trouvons aujourd'hui. Et le château semble alors, être abandonné définitivement.

 DESCRIPTION DU SITE

LES TROIS CHÂTEAUX DE MONTSÉGUR

Vingt années de travaux menés sur le site éclairent d'un jour nouveau son histoire. Mais avant d'entreprendre sa visite, il convient de bien distinguer les différentes formes que pris Monségur au cours des siècles...Aucunes traces ne subsistent du premier édifice «Montségur I» qui, au début du XIIIe siècle, était abandonné et ruiné. Cette construction, dont nous ne connaissons rien de l'aspect, devait occuper la partie sommitale de la montagne pour la surveillance des voies qui passaient à ses pieds, et de la frontière Occitano-Aragonaise.
La mise en défense de Raimond de Péreille concerna l'ensemble de la montagne. Il reconstruit vers 1204, «Montségur II» également aménagé sur la partie sommitale. Il comportait un donjon juché sur le point culminant, vraisemblablement entouré d'une enceinte couronnée de défense en pierre ou en bois enserrant le corps de logis. Le village était blotti entre l'habitat seigneurial et l'apic des falaises dont la crête était prolongée par des murs de pierre qui ceinturaient l'ensemble. Au sud, plusieurs lignes de murs successifs protégeaient l'accès au château. Sur le versant est, un fossé artificiel séparait une barbacane de celui-ci. Enfin, au nord-est, le poste de guet du Roc de la Tour complétait le renforcement des crêtes naturelles de la montagne composant pratiquement une première ligne de défenses. Qu'en reste-t-il aujourd'hui? Les ruines des défenses et du village, mais peu de traces du château de Raymond de Péreille, dont les matériaux et l'emplacement ont été réutilisés dans les transformations de la place après sa prise par les croisés.
En effet, la famille des Lévis rentra en possession de Montségur et lui conserva son rôle stratégique face à l'Espagne. Le château, «Montségur III», fut alors reconstruit ou tout au mois reconditionné comme le furent les forteresses royales des Corbières, sur le même emplacement privilégié que le précédent.
C'est sa ruine, transformée jusqu'à son abandon, qui accueille de nos jours le visiteur.

Le village anéanti s'installait, alors, au pied de la montagne.
Après cette mise en garde, qu'il est bon d'avoir toujours présente à l'esprit, abordons les divers éléments qui composaient Montségur.

LA MONTAGNE ET SES DÉFENSES

La montagne de Montségur émerge de la vallée glacière du Lasset et culmine à 1207 mètres. Son volume accuse sensiblement la forme d'un tronc de pyramide dont les faces latérales sont constituées de falaises abruptes, isolant le plateau sommital par de véritables défenses naturelles.
Ce plateau a environ 700 mètres dans sa plus grande longueur et une largeur varie de 60 à 150 mètres représentant une surface d'environ 5 hectares.
Une première ligne de défenses prolonge la crête des falaises entre le triangle de guets composé par le château, la barbacane de l'est et le poste de guet du Roc de la Tour assurant une surveillance intégrale des horizons et protège une zone aménagée d'un hectare et demi environ.
Pour accéder à son sommet, le chemin le plus praticable a été tracé sur la pente sud-ouest. Un sentier serpente sur le cône d'éboulis qui ceinture la montagne et se prolonge par des aménagements de la paroi rocheuse jusqu'au sommet. Taillées

dans le roc par endroits, des marches en «pas d'âne» permettaient l'accès des montures jusqu'au château. Un système défensif composé de trois lignes de murs successifs assurait sa protection. Ce fut de tout temps, la voie la plus naturelle pour accéder au sommet de la montagne.
Par ailleurs, le périmètre du plateau est accessible par trois couloirs de montagne plus ou mois difficiles.
Au nord-est sous la barbacane, un système analogue à celui du sud-ouest, isolait le castrum du plateau.
Lorsque Montségur est désigné dans les textes par castrum: château, il faut entendre l'ensemble composé par le castellum, c'est-à-dire le donjon et le corps du logis, et le village attenant, le tout enfermé dans une enceinte.
Imaginons ce cadre de vie médiéval et gravissons le chemin muletier qui, venant de Lavelanet, conduisait à la première porte de la forteresse, située à l'heure actuelle à la hauteur du médaillon scellé dans sa roche à la mémoire du poète Maurice Magre.

LE CHÂTEAU

Le chemin d'accès aboutit devant la porte sud qui protégée par des "hourds", galerie de bois établie au sommet des murailles pour en protéger la base, qui reposaient sur des "corbeaux", pierre en saillie servant à soutenir l'extrémité d'une poutre encore visible. Le seuil surélevé n'était accessible que par des paliers en menuiserie partiellement amovible.

A l'intérieur, dans l'épaisseur des murs, on peut remarquer le logement des madriers qui assurait la fermeture des vantaux de la porte.
«Montségur III», typique château de montagne, épousant le socle rocheux, mesure 70 mètres de long sur 20 mètre de large, et se compose d'un donjon auquel est soudé un corps de logis.
C'est une architecture royale dont bien des détails sont comparables à celle des châteaux contemporains de la «Marche d'Espagne», ou en particulier le donjon s'intègre au système défensif et fait corps avec la courtine, alors qu'il est probable

que le donjon de «Montségur II» devait être au centre de la chemise.
Au milieu des 700 mètres carrés que délimitait l'enceinte aveugle, une basse-cour dallée, à ciel ouvert de 100 m² environ, avait été aménagée, constituant à la fois un puits de lumière et un régulateur climatique. Elle accusait sensiblement le même contour que celui de la chemise.
Autour d'elle était disposés, sur trois étages, des bâtiments: salles d'armes, réserves, ateliers, etc... Trois escaliers montaient au chemin de ronde et aux défenses des ouvertures.
Le mur-bouclier est, entièrement hourdé, de 4,20 m d'épaisseur, était un point important de défense.
Du chemin de ronde on pénétrait par l'unique porte au premier étage. Vraisemblablement logis seigneurial, ce niveau était éclairé par quatre grandes fenêtres à bancs de veille, et pourvu d'une grande cheminée adossée au mur sud et d'un puits.
Cette pièce donnait accès par un escalier hélicoïdal à la partie inférieure du donjon par une brèche duquel nous pénétrons aujourd'hui. Elle était composée d'une citerne de 50 m³ environ et d'une salle basse, voûtée en berceau brisé, percée de cinq fentes d'éclairage. Le donjon de plan rectangulaire (20 m x 9 m) devait être couvert d'une terrasse hourdée à laquelle on accédait, également, par l'escalier hélicoïdal.

LE BARBACANE DE L'EST

Une plate-forme de 100 m² environ, située sur la crête orientale était séparée du château par un fossé artificiel. C'est en effet la carrière d'où fut extraite la pierre nécessaire aux différents chantiers qui créa cet obstacle. Cet îlot rocheux aménagé complétait ainsi les défenses à l'est. Seule la base des murs de ce poste avancé subsiste encore.

LE POSTE DE GUET DU ROC DE LA TOUR

A l'extrémité nord-est du plateau, une falaise de 80 mètres dominait l'entrée des gorges du Carroulet et constituait une situation privilégiée qui fut utilisée dès l'âge du Fer sous forme d'éperon barré avant d'être réaménagée au début du XIIIe siècle en poste de guet. C'est cet ouvrage d'environ 150 m², constitué de murs en pierres 

sèches, ne subsistant que sur une hauteur de un mètre, qui fut investi par un groupe de gascons lors du siège, en hiver 1243.

LE VILLAGE

Protégé par le système défensif de Monségur, le village s'étendit, entre le donjon et le précipice, sur une grande partie de la montagne. Nous connaissons encore mal son étendue, la surface fouillée ne représente que 1/20e de cette agglomération qui de la fin du XIIIe siécle à 1244 où il fut rasé, abrita une population importante, de l'ordre de 40 personnes environ au cours des dernières années.

La rusticité est le caractère dominant de ce cadre de vie. Il ne peut être question d'architecture proprement dite, mais d'aménagement des lieux, d'ailleurs fort judicieux. Aucune place n'est perdue.

La pierre est évidée afin de créer des passages ou de permettre le logement de poutres. La roche est martelée pour obtenir des sols praticables. Limitées à leurs fonctions, ces construction de bois et de pierre communiquant entre elles par d'étroits escaliers ou des échelles de bois pour les étages.Elles sont imbriquées les unes aux autres; toutes les surfaces planes ont été utilisées, sinon aménagées. Des citernes les alimentaient en eau.

Sur ces lieux, témoins de la vie quotidienne, nous avons recueilli un important matériel archéolgique qui nous éclaire sur quelques aspects de la vie à Monségur.

ASPECT DE LA VIE QUOTIDIENNE AU MOYEN AGE

L'archéologie nous apporte plus de trois mille pièces de civilisation matérielle datant essentiellement de la fin du XIIe siècle à la moitié du XIVe siècle, elles illustrent les activités de la communauté rurale montségurienne dans trois domaines complémentaires de l'organisation sociale: civile, militaire et religieuse.

LA VIE CIVILE

Le matériel découvert apporte quelques éléments qui permettent d'imaginer la vie dans ces maisons. Pentures, loquets, verrous, gonds, clés et serrures, représentent les ferrures des portes, des volets et des meubles. Le mobilier se composait vraisemblablement de peu de chose: un grabat, des coffres et coffrets, une table, des tabourets ou des bancs. Les matériaux périssables, bois, vannerie, ne nous sont parvenus, ils devaient cependant représenter une place importante dans l'environnement quotidien de la maison.
Un «caleilh», lampe à huile, représente un apport certain à l'éclairage des  chandelles.

La majeure partie des accessoires domestiques appartenait à la cuisine. Et c'est de loin la vaisselle de céramique qui nous est parvenue: elle se composait essentiellement de céramiques communes grises servant à préparer ou à conserver les aliments et à des vases à liquides: marmites avec ou sans couvercles, cruches, pichets, dournes à bec tubulaire, oules et jarres a provisions. La vaisselle en verre comprenait des gobelets ou des chopes, des bouteilles, des fioles, des coupes à nervures et des verres à pied qui forme la plus courante de cette production régionale.

La fabrication du pain était faite sur place. La farine était moulue dans des moulins à bras, une fournière cuisait le pain.

L'eau provenait soit du Lasset, la rivière la plus proche, montée a dos de mulet sur la montagne, soit était puisée dans les citernes aménagées dans le village.

L'économie rurale reposait sur l'agriculture, supplée par l'exploitation des ressources naturelles, l'élevage et l'artisanat, le commerce complétant les moyens de subsistance de la communauté Montséguriènne.

Blé, orge, seigle et une variété de fèves: les féveroles, rencontrés sur le site, étaient achetés ou collectés, mais il n'est pas exclu qu'une petite activité agricole, comme en témoigne une houe, y ait été pratiquée.

Mais il faut dire qu'un apport appréciable devait provenir de la cueillette (baie, noisettes, champignons), de la pêche (saumons, truite, écrevisses) et de la chasse (oiseaux, écureuils, ours, lièvres et lapins, cerfs et chevreuils et sangliers ou cochons sauvages). Certains ustensiles l'indiquent: des serpettes, des plombs de filets ou de nasses, un hameçon et une javeline. Sonnailles et grelots attestent également la présence d'animaux domestiques: chiens, chats, chevaux, coqs et poules, bœufs, moutons, chèvres et porcs.

C'est encore la nature toute proche qui fournissait la matière première aux activités artisanales: l'argile des grottes pour la poterie, le calcaire et le grès pour la construction, les minerais de fers et de plombs pour la métallurgie. L'exploitation forestière attestée par une hachette de bûcheron était destinée à la menuiserie comme au chauffage des habitations, des fours et des forges.

  Ce qui n'est pas produit sur place est importé. Quand on imagine la faible production de la communauté il est aisé de reconnaître le rôle capital qu'à joué le commerce durant la première moitié du XIIIe siècle.

Ces apports sont évoqués par les monnaies et par de nombreuses pièces d'importation. Le monnayage composé d'une centaine de monnaies féodales et royales, de numéraires étrangers: Espagnol, Anglais, et de quelques numéraires épiscopaux dont un carlin de St Paul les trois châteaux, s'étend du XIe au XVe siècle.
Le matériel recueilli en fouille et les sources manuscrites permettent de juger de l'importance des produits venant de l'extérieur; tout particulièrement dans les vivres (vin, huile, sel, farine, épices, miel, œufs, etc...), la place qu'occupe le poisson de mer (raies, bars, mulets et dorades). Des armes telles que: arbalètes, frondes, chapeaux de fer, des vêtements: souliers, pourpoints, braies, chemises, chapeaux et bonnets de lin, des accessoires ou parures: bourses, boucles, ferrets, affiquets, du tissus, de l’outillage: couteaux, aiguilles, dès à coudre, rasoirs, tenailles, mais aussi de la verrerie, de la vaisselle de céramique et de l'orfèvrerie parvinrent à Montségur, portés par les commerçants ou les sympathisants.
Par ailleurs, une quinzaine de dès à jouer montrent que le plus populaire des jeux de hasard, eut sa place d'en les divertissements. Plus rare, une guimbarde en fer illustre les divertissements musicaux.
Les montséguriens se préoccupaient également de leur hygiène et de leur santé: peigne en os, furgeoise et pinces à épiler l'attestent.
La découverte exceptionnelle de la sépulture d'un couple inhumé sous 23 mètres de

matériaux, dans une cavité naturelle de la montagne nous montre avec qu'elle volonté ces corps furent dissimulés, vraisemblablement durant le siège. Cette méthode ne fut sans doute utilisée que lorsque les corps ne pouvaient être éloignés du village.

LA VIE MILITAIRE

Pour libérer la communauté installée sur la montagne des préoccupations propres à sa sécurité, Raimond de Péreille organisa, aidé de son frère Arnaud-Roger de Mirepoix et de son cousin germain et gendre Pierre Roger de Mirepoix, la garnison et les activités spécifiquement militaires. Estimée à 70 hommes environs dont une quinzaine de chevaliers à la période du siège, elle comptait une chevalerie, une infanterie et une artillerie. Le rôle principal de la chevalerie consistait à effectuer à cheval escortes et collectes.
Quelques pièces armoriées, accessoires du vêtement ou de l'équipement militaire, soulignent le haut rang de leurs possesseurs. Le vêtement est représenté par des anneaux de mailles utilisés pour la confection du haubert et par des rivures de brigandines. Les militaires portaient également des cervelières ou des «chapeaux de fer».
Épées, dagues, coutelas, lances et javelines, frondes, arcs et arbalètes dont douze modèles de projectiles différents ont été découverts en nombre, constituaient l'armement offensif des militaires.
Des échelles de bois ligaturé, furent aussi utilisées par les croisés pour franchir les défenses du château.
Par ailleurs, des boulets de pierre de 23 à 78 kilogrammes débités sur place, confirment l'utilisation de plusieurs pierrées ou «trébuchets» lors du siège de la forteresse. Deux «engingnieurs» s'opposèrent, venant construire et diriger les machines: Bertrand de la Bacallarié de Capenac pour assiégés et, un clerc, l'évêque d'Albi pour les croisés.
Plusieurs pièces de harnachement: boucles et mors, deux types de fers: à talonnettes et a crampons, un éperon cruciforme illustrent la cavalerie qui devait monter les petit chevaux dits de «Mérens» adaptés aux chemins accidentés.
Cependant, en dehors de la chevalerie, la force de la garnison résidait surtout dans une place forte de montagne admirablement servie par la nature.

LA VIE RELIGIEUSE

Montségur fut durant quarante ans un lieu de résidence des cathares et devint le siège de leur église.
Ils eurent des maisons dès le début du XIIIe siècle et la communauté fut acceptée dans le château à partir de 1232. Une maison affectée aux prêches, résidence de l'évêque du toulousain, accueillait deux cent personnes aux moins.
Cependant, l'archéologue confirme les conclusions de l'histoire, car nulle trace de la tradition cathare n'est perceptible dans le matériel découvert.
Il n'y eut pas plus de colombes que de" croix cathares".
Il nous faut noter, malgré tout, la présence de méreau en plomb, porteurs de décors symboliques. Certains d'entre-eux jouaient au Moyen-âge le rôle de jetons de reconnaissance que beaucoup de minorités dans la clandestinité ont utilisés. Peut être furent-ils émis sur place, comme tend à le prouver la valve de moule recueillie sur le site, pour les besoins de la communauté cathare?
Par contre quelques pièces représentent incontestablement des objets de la liturgie orthodoxe, en particulier un plat de livre, une tête de christ appartenant à une pièce d'orfèvrerie et un élément de chauffe-main. Il est probable qu'il faille les attribuer au chapelain qui officia dans la nouvelle forteresse des Lévis.

Bien que des questions restent posées, après vingt années de recherches archéologiques, mais la confrontation patiente et rigoureuse des sources écrites et des documents exhumés par les fouilles reste le plus sûr garant d'une meilleure connaissance de ce site remarquable.



20/11/2010
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